Résumés des communications

Résumés

 

jeudi 1 juin 2017

 

Atelier 1 : Degender toilet

Project Marsala

            Marsala is a crossmedia artistic collective that experiences different forms of expression to deconstruct and reconstruct imaginary.  Our research is focused primarily on the relationship between body, space and identity from a point of view both personal and collective. Since 2013 we develop multimedia projects and workshops that provide the creation of videos, installations and performances. Marsala born thanks to the meeting of Rita Maralla and Teresa Sala, two independent artists who are experienced in audio-visual language, theater and anthropology. In constant search for new ideas and collaborations Marsala is open project that lives by involving new people and intertwining paths.

 

Panel 1 : Pratiques de recherche et d’enseignement à l’Université

Réflexions sur la compatibilité ou incompatibilité du militantisme pour la visibilité lesbico-féministe chez les femmes travaillant à l’université et la réception/l’accueil de celui-ci par les étudiant.e.s.

Beatriz Collantes Sanchez and Sarah Bono
Université Paris Ouest Nanterre La Défense – UFR LCE (UP10 UFR LCE)

Bât. V- Bureau - 200 avenue de la République - 92001 Nanterre, France 

            Au cours des deux dernières décennies, les mouvements pour les droits des femmes lesbiennes ont finalement réussi à s’émanciper des groupes et collectifs LGTBI et des groupes de Femmes au sein desquels ils se regroupaient, afin d’effectuer un saut qualitatif et quantitatif dans la revendication et protection de leurs propres droits spécifiques en tant que femmes lesbiennes.
Ce mouvement « indépendantistes » a fait l’objet de critiques de l’intérieur et de l’extérieur; malgré ça, celui-ci a réussi à mettre en relief le postulat basic selon lequel « ce qui ne se nomme pas et ne se voit pas: n’existe pas ».

            L’exigence et la nécessite de rendre visible ce qui ne l’est pas, cette manifestation extérieur à la sphère privée, implique parallèlement une série d’engagements qui, à certaines occasions, peuvent se révéler conflictuels pour les militantes qui essayent de concilier leurs idéaux personnels et leurs ambitions dans la vie publique : la peur aux représailles, à ce qui sera dit, au dénigrement dans le milieu du travail...

            Entre autres, nombreuses sont les barrières que ces femmes militantes doivent envisager au quotidien et le prix à payer.

            Suite à ce qui a été exposé précédemment, nous présentons d’une part, les conclusions de l’étude effectuée auprès d’enseignantes lesbiennes et militantes de la fonction publique, qui avait pour objectif de connaître leurs avis et leurs vécus sur la compatibilité ou incompatibilité de militer pour une visibilité lesbico-féministe au sein de leurs institutions, et quelles ont été les réactions de leurs étudiant.e.s, de l’administration et du reste des collègues lorsqu’ils ont eu connaissance de ce militantisme.

            D’autre part, nous présentons une partie des réactions de certains étudiant.e.s, lorsqu’ils/elles ont eu connaissances de ce militantisme.

 

« Techno-queer »

Conférence performée Camille Khoury (Université Toulouse - Jean Jaurès, LLA-Creatis, France)

      Une impression de lecture : alors que Beatriz (puisque tel était encore le nom qu’il utilisait à l’époque) Preciado raconte dans Testo Junkie que sa voix n’a pas muté suite aux prises régulières de testostérone en gel, je m’aperçois que jusqu’alors, je n’imaginais pas une voix féminine dans le silence de ma lecture. Cette voix – une voix qui n’est ni celle d’une femme ni  vraiment celle d’un homme, pas seulement celle d’une lesbienne, mais aussi celle d’un pédé – s’élève depuis le deuil, celui de Guillaume Dustan, dont la présence semble insuffler la mutation invisible de la conscience politique en intraveineuse. Il semble alors qu’à travers cet essai autobiographique, Preciado parvienne à lier deux acceptions du queer – à la fois le concept sociologique et esthétique qui vient décloisonner et déterritorialiser les genres et les sexualités, mais elle assume aussi ce queer de l’insulte devenu étendard, celui du « pédé »  parfois drogué (peut-être à la testostérone ?), parfois séropositif, qui bat le pavé des nuits urbaines à la découverte de sexualités alternatives et underground. Or, cette seconde acception du queer renvoie presque exclusivement aux homosexuels masculins. Sans mettre en avant une démarche transgenre (Beatriz Preciado affirme à de nombreuses reprises que ses prises régulières de testostérone n’ont pas lieu dans l’objet d’un changement de sexe) elle esquisse une identité trouble, inassignable à un genre ou à une sexualité déterminée. Dès lors, au concept du techno-corps répond une techno-écriture performative qui place en acte les mutations possibles qu’elle développe conceptuellement dans Testo Junkie et dans le Manifeste contra-sexuel.

Je me propose donc dans une communication performée autofictionnelle de montrer comment Paul B. Preciado  vient interroger le cloisonnement des cultures communautaires LGBTQIA contemporaines et du militantisme queer, mais aussi comment la posture qu’il développe (à travers le personnage du narrateur dans Testo Junkie) construit une nouvelle forme de militantisme queer à la croisée de plusieurs mouvements de l’histoire des luttes. D’autre part, la lecture de Testo Junkie  est également l’histoire d’une rencontre – celle de B.P avec V.D, la mienne avec B.P., une rencontre qui permet un retour sur soi, sur expérience, la découverte d’une voie/voix intermédiaire et révolutionnaire qui a offert une alternative à mes propres questionnements identitaires et qui a participé aux prémisses de l’élaboration d’une subjectivité queer.

 Bibliographie

Paul Beatriz Preciado, Testo Junkie, sexe, drogue et biopolitique, Grasset, Paris, 2008

Guillaume Dustan, Œuvre I, POL, 2013.

William, S. Burroughs, Queer, Bourgois, 2010. 

 

Être femme en géographie des années 1960 à nos jours : tenter la théorie par un témoignage au fil du temps

Nicole Mathieu

             Plutôt que d’affirmer une posture de « géographe féministe », ce retour réflexif sur 60 ans d’expérience au sein de l’institution CNRS a pour but de tenter la théorisation d’une vie de femme pour qui l’engagement dans la recherche socialement utile a été total sans pour cela oublier la valeur de sa situation « domestique » en particulier comme épouse du peintre Maurice Matieu. Sera d’abord mis en avant en quoi être femme rend spécifique et inédite la manière de faire de la recherche (géographie au féminin, pratique sans hiérarchie de l’interdisciplinarité, observation de soi et de son entourage comme outil d’analyse...), de « faire un terrain » (compréhension plutôt qu’observation, attachement aux « petites gens », oser l’exposition de soi...), de mobiliser un collectif (direction d’un labo de recherche, attention à chaque individu et à son épanouissement, connaissance de toutes les thématiques et art de les relier par des outils communs laissant la place à l’hétérogénéité Cf. Charte en trois axes de recherche et revue Strates...) ; enfin en quoi elle conduit à inventer un rapport particulier entre science et politique dont témoigne entre autres l’article : « l’Utopie féminine, faire de tous les lieux une maison » (Mathieu, 2008). Cet essai de théorisation positive sera suivie par une analyse sévère des obstacles – le plafond de verre – auxquels se heurte une femme dans les institutions de recherche et l’université malgré la compétence, la générosité et le sens du collectif dont elle fait preuve (la carrière au CNRS, l’absence de reconnaissance de l’Université où elle n’a cessé d’enseigner, le récit amer de sa place dans la revue NSS...). Ce qui s’explique évidemment par l’impossibilité qu’ont les hommes à partager le pouvoir avec une femme sauf si son modèle de pouvoir est masculin. Le « témoin » n’a constaté aucune amélioration au fil du temps voire, au contraire, un raidissement voire une progression de la mentalité de groupe masculin. En conclusion l’effort de théorisation portera sur les lieux où alliances entre hommes et femmes sont à la fois possibles et réelles mais presque toujours dans des « situations » exceptionnelles. C’est à partir de ces exemplarités que le combat doit continuer.

 

Panel 2 : Actions collectives et positionnements à l’égard des féminismes

Féminismes, gestation pour autrui et géographie des rapports de domination. Eléments pour une recherche prospective

Jean-Marc Fournier
Espaces Géographiques et Sociétés (ESO) – Université de Caen Basse-Normandie, CNRS : UMR6590 – Rennes, France

            La gestion pour autrui (GPA) fait l’objet de débats croissants en France, notamment depuis le projet de loi ouvrant le mariage civil aux personnes de même sexe en 2013. Des associations militantes féministes françaises (CADAC, CLF, CORP, Le Planning familial) et européennes sont opposées à cette pratique et cherchent à l’aide d’appuis politiques à obtenir son abolition universelle. Il s’agit pour elles d’une bonne illustration de l’exploitation des femmes par des acteurs dominants, le patriarcat, le capitalisme et constitue une violation des Droits humains et de la dignité. D’autres associations féministes, comme par exemple Osez le féminisme, dénoncent l’amalgame entre PMA et GPA. Enfin d’autres associations militantes (APGL, ADFH, C.L.A.R.A., les Enfants d’Arc-en-Ciel) y sont favorables en soutenant des actions relevant du féminisme. Pour ces dernières, cela relève du droit à utiliser son corps, à choisir et à l’émergence de nouvelles conceptions des familles, et notamment de familles homoparentales gays bouleversant les normes religieuses ou hétéro-normées. Certains militants estiment même qu’il s’agit de l’ultime étape de la libération et s’interrogent : la GPA ne serait-elle pas « la plus grande subversion féministe ? » Dans ces débats controversés, les acteurs ont des statuts très divers : militants, politiques, scientifiques, intellectuels médiatisés, journalistes, médecins, juristes, etc. Les médias présentent souvent deux personnalités ayant des vues opposées comme par exemple Elisabeth Badinter ou Irène Théry (pour la GPA dite éthique) et Sylviane Agacinski ou René Frydman (contre). Mais surtout, une grande confusion règne entre les différentes catégories de GPA très variables d’un pays à un autre : Etats-Unis, Inde, Ukraine, Mexique, etc. même si un colloque récent à l’EHESS visait à établir des connaissances objectives sur le sujet.

            L’objectif de cette communication n’est pas de se positionner dans le débat pour ou contre la GPA. Il s’agit plutôt de montrer l’intérêt et les limites des féminismes pour aborder ce sujet, dans une démarche de géographie sociale sensible aux inégalités sociales et aux rapports sociaux de domination. On abordera classiquement la question des échelles géographiques (mondiale, nationale, régionale, locale, etc.), des comparaisons, des liens entre réseaux, mobilités et territoires, et enfin celle des frontières qu’elles soient géographiques, sociales ou culturelles. Existe-t-il une géographie des « mères porteuses » ? des parents d’intention ? des associations ? des agences ? hôpitaux ? Comment les couples gays ayant recours à la GPA modifient-ils les rapports du masculin aux féminismes ? Quels sont les effets de la mondialisation ? Qui produit du savoir, de l’information, de la mésinformation et de la désinformation ? Comment ces pratiques peuvent-elles modifier les théories féministes ?

            Le corpus documentaires mobilisé est varié : publications scientifiques, sites Internet de militants, films documentaires, témoignages, etc. Ce travail étant prospectif, il utilisera essentiellement des données de seconde main de la GPA dite éthique. Il s’agira finalement de montrer que, selon le type de féminisme que l’on retient, la manière de définir une problématique de recherche, des hypothèses et de traiter des données peuvent être variables.

 

Des spatialité de l’action collective des femmes : enquête géographique auprès d'un collectif féministe

Chapuis Amandine (Université Paris-Est Marne-la-vallé, ACP, France) et Sophie Blanchard (Université Paris Est Créteil, LAB'Urba, France)

résumé non trouvé

 

Les associations pour le « droit des pères », une réaction conflictuelle aux féminismes

Edouard Leport

Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris - Cultures et Soci ́et ́e Urbaines (CRESPPA - CSU) – CNRS : UMR7217, Universit ́e Paris VIII - Vincennes Saint-Denis – CNRS Site Pouchet 59-61 rue Pouchet 75849 PARIS Cedex 17, France

            Sos Papa Nord-Picardie est une association défendant les « droits des pères » et elle a fait partie de l’Egide, maison régionale des associations lesbiennes gays bi et trans, à Lille. Les discours publics de Sos Papa ne prennent aucune position par rapport à l’homosexualité alors que différentes formes d’homophobie sont observables dans nombre de leurs activités internes. Quels facteurs ont donc permis a cette association de faire partie de l’Egide pendant quatre ans? C’est dans les dynamiques entre enjeux locaux et nationaux que cette communication proposera quelques éléments de réponse.

  

Panel 3 : Pratiques féministes

Production et Légitimation du savoir géographique féministe, à partir de l’étude d’un cas pratique de cyber-harcèlement

Eve Ben-Haïm
Université Paris 4, Paris-Sorbonne, 1 rue Victor Cousin - 75005 Paris, France

            Étudiante en L3 à Paris-Sorbonne, c’est avec le soutien de Rachèle Borghi, qui m’enseigne l’épistémologie, que je me permets de vous soumettre une proposition de communication.

            Cet Eté, j’ai subi une importante vague de cyber-harcèlement sur Twitter après avoir pris la parole pour expliquer quelques mécanismes de la culture du viol. En effet, un bloggeur influent, LandeYves, avait sorti un article démentant l’existence des oppressions systémiques que subissent les femmes à cause de la culture du viol, et je me suis permis de répondre. Pour faire face à cette situation de cyber-harcèlement, j’ai pris la décision de ne pas invisibiliser les propos injurieux qui m’ont été envoyé, mais de les exposer.

            Dans un premier temps, je les ai tous partagé sur mon profil, puis j’ai réalisé un étude statistique des personnes qui m’ont cyberharcelée, pour établir un profil-type du harceleur, ainsi que pour distinguer une typologie des insultes reçues.

Ces statistiques sont parues dans le journal NEON, (http://www.neonmag.fr/data-harcelee- sur-twitter-elle-classe-les-insultes-de-ses-haters-478601.html) ainsi que sur RUE 89, (http://rue89.nouvelobs.com/2016/09/28/insultes-sexistes-met-stats-harceleurs-twitter-265279)

            Par la suite, Rachèle Borghi m’a proposé de mener avec elle une heure d’amphithéâtre d’épistémologie (L3) sur le cyber-harcèlement et les processus de légitimation du savoir. En effet, la finalité de l’amphi était de montrer, en s’appuyant sur des ouvrages comme Le Pouvoir des Mots de Judith Butler, que le savoir n’avait pas de légitimité en soit. La légitimité n’est pas innée, mais elle dépend des forces des instances d’autorité validant ou invalidant ce savoir comme légitime. De fait, elle n’est jamais non plus acquise, mais peut bouger dans le temps (un savoir peut être légitime ou illégitime sur une période de temps donné), ainsi que dans l’espace (au sens où la légitimité peut toujours être révoquée dans un espace ou dans une région précise, par des détracteurs par exemple).

            Une communication sur le sujet me parait pertinente, dans la mesure où le cyber-harcèlement est une question de plus en plus préoccupante, par sa grande étendue, mais aussi par l’intervention d’acteur.rices politiques pour tenter de le déjouer (à l’image de Najat Vallaud- Belkacem récemment). La thématique est intrinsèquement liée à la géographie, vu que le harcèlement déclenche et entretien des mécanismes d’invisibilisations et d’exclusions sexistes dans l’espace public, tant virtuel que réel. Les intérêts de cette production sont, à mon sens, multiples. D’abord, si des données existent pour le cyber-harcèlement d’une manière générale, il est très difficile de trouver des données à l’ ́échelle d’une vague de cyber- harcèlement, ou à l’échelle d’une personne. Cette étude propose donc de travailler sur le temps très court (une journée), et de mettre l’emphase sur un aspect oublié et pourtant fondamental du cyber-harcèlement. D’autre part, le retournement d’une situation de harcèlement à une production de savoir statistique crée une véritable force d’empowerment. Judith Butler, dans son ouvrage, explique : « La possibilité politique de retravailler la force des actes de discours pour la faire jouer contre la force de l’injure consiste à se réapproprier la force du discours en la détournant de ses contextes précédents. ».

            Le harcèlement, entre autre virtuel, fait partie du quotidien des militant.es féministes, c’est pourquoi je crois qu’il faudrait visibiliser les formes d’empowerment possibles. Ces méthodes peuvent tout à fait se recouper avec d’autres thématiques du féminisme intersectionnel : le (cyber-)harcèlement peut-etre sexiste, raciste, validiste, transphobe, et d’autre encore, c’est pourquoi il me parait intéressant de l’étudier, et par ce même biais de contrer l’agression subie.

 

 

FUORI DAL PANOTTICO Unesperienza di pratiche femministe in una comunità residenziale di donne anziane in Italia

Acquafredda Caterina and Lini Claudia

Fondazione Biffi ONLUS – Via Ciclamini, 34 Milano, Italie

             Gli ultimi vent’anni hanno segnato in Italia, e particolarmente in Lombardia dove la- voriamo l’una come Direttore Sanitario e l’altra Psicologa all’interno di una RSA (Resi- denza Sanitaria Assistenziale), un progressivo incremento dell’attivit`a legislativa, di pro- grammazione e controllo degli istituti per anziani.

            Il regime sanzionatorio introdotto, e ancora non interamente applicato, ha avuto come effetto un generale allineamento su standard di assistenza molto attenti agli elementi formali del processo più che alle modalità con cui si realizza l’assistenza. In particolare, grande accuratezza agli operatori viene richiesta nella registrazione degli interventi, nella misurazione della loro presunta efficacia, lasciando poco spazio per ulteriori riflessioni e la presa in esame di aspetti non chiaramente indicati nei documenti di indirizzo.

            Se, da un lato, riconosciamo che le nuove normative regionali hanno riportato alla luce strutture e comunità residenziali un tempo collocate in una zona buia di possibili abusi su soggetti destinatari di un’istituzionalizzazione spesso subita, pensiamo che sia utile inter- rogarci su quello che non ci fa vedere il ”panottico” disegnato dai legislatori regionali, che richiama il nostro sguardo e cerca di indirizzare costantemente la nostra attenzione solo sugli elementi di processo. E’ possibile, infatti, che le aree grigie dell’istituzionalizzazione e abuso nei confronti di soggetti considerati bisognosi di ”protezione” (giuridica, sanitaria, assistenziale, ecc.) abbiano solo cambiato forma e si presentino oggi solo in modo più socialmente accettabile.

            Senza un costante lavoro di decostruzione, rischiamo di essere reclutate senza saperlo nella una nuova manicomializzazione della cosiddetta terza, o quarta età. I nessi tra le istituzioni psichiatriche e le strutture geriatriche si svelano a partire da procedure comuni quali l’applicazione di mezzi di contenzione, l’uso non sempre ponderato di farmaci neurolettici, la riduzione della privacy, l’utilizzo di forme di amministrazione di sostegno che minacciano gravemente la libertà di cura, a partire dalla scelta stessa di un ricovero residenziale che può essere imposta a una persona anziana in base a considerazioni relative alla sua sicurezza, al suo presunto benessere o a quello dei suoi famigliari.

            Cercheremo in questo intervento di mostrare alcune pratiche volte a co-costruire in modo non oppressivo l’istituzione presso la quale operiamo e che è stata progettata alla fine degli anni Sessanta per assistere, curare, ma anche allontanare, contenere, rinchiudere, donne anziane, non autonome nella locomozione, non sempre coerenti nell’eloquio o capaci di esprimersi se non vengono messe in atto pratiche in grado di raccogliere la loro espressione.

            In una prospettiva femminista, tenteremo di mostrare alcune pratiche di gestione delle di-namiche che all’interno delle comunità residenziali hanno facile gioco nello sviluppare regole pensate per standardizzare l’assistenza, neutralizzare le richieste individuali e far funzionare il sistema in modo da creare maggiore profitto alle aziende che le gestiscono piuttosto che benessere delle persone a cui si rivolge l’assistenza.

 

Repenser l’espace et la sécurité à partir de l’éthique féministe du care : enjeux et défis

Mélusine Dumerchat
Université du Québec (Université du Québec) – Université du Québec, Montréal, C.P. 8888, Succursale, Centre-Ville, Montréal, Quebec, H3C 3P8, CANADA, Canada

             L’influence de l’empirisme positiviste en sciences sociales a longtemps neutralisé les corps dans le contexte de l’activité de recherche. À travers le processus de distanciation, les corps, dans leurs dimensions matérielle et symbolique, sont systématiquement écartés du travail d’enquête. Les théories et méthodes développées par la géographie humaine font ainsi apparaître le sujet cherchant comme neutre et désincarné et conduisent à penser le corps, les émotions et le genre comme des biais, voire des obstacles à la production des connaissances. La distinction entre d’un côté le corps et les sentiments, relégués au domaine particulier, à la sphère privée, et de l’autre la raison, à laquelle on accorde une valeur générale et que l’on associe à la vie publique, participe implicitement de la hiérarchisation des genres (Paperman, 2013). En effet, alors que les femmes sont ramenées `a la sphère privée, celle de la sensibilité et du soin aux autres, les hommes s’approprient l’espace public, la capacité de jugement et les affaires officielles. Un tel mode de conceptualisation contribue ainsi à légitimer la dépossession des femmes de l’espace public et à les exclure de l’autorité à produire de la science.

Ce constat invite alors `a repenser les catégories binaires qui opposent et hiérarchisent public et privé, raison et passion, matériel et idéel, pensée et corps et, en bout de ligne, hommes et femmes. En rupture avec le principe selon lequel la mise à distance des corps et des affects serait garant de la scientificité, un nombre croissant d’écrits dans le champ de la géographie féministe française œuvre à localiser et incorporer le sujet cherchant (Volvey, 2012). Inspirés par la théorie des savoirs situés, ces travaux permettent de faire apparaître les corps des chercheurs, chercheures, comme étant à la fois produits et agents producteurs de rapports de pouvoirs et appellent à considérer la façon dont les expériences corporelles et émotives intègrent notre appréhension du terrain et de l’espace. Les études féministes en géographie nous convient alors à repenser nos objets de recherche ainsi que nos manières de les saisir et engendrent ainsi de nouveaux challenges théoriques et méthodologiques.

            À partir de ma recherche doctorale en cours, je me propose d’examiner, dans le cadre de cette communication, certains enjeux et défis soulevés par l’éthique féministe du care en géographie. J’exposerai premièrement plusieurs avenues épistémologiques et méthodologiques ouvertes par un régime de connaissance basé sur le modèle du care. Il s’agira notamment de mettre à contribution les réflexions sur le « soucis des autres » pour repenser les relations aux terrains de recherche féministes. Je tenterai de démontrer dans un deuxième temps certains potentiels théoriques et politiques offerts par l’éthique du care, pour bâtir une critique féministe de l’espace urbain et de la sécurité. En opposant le care au risque (Tronto, 2012), cette conférence se propose de contribuer à la formulation d’une vision féministe et radicale de la justice spatiale.

  

Atelier 2 : Nos pratiques en pratique : atelier d’échange sur l’enseignement féministe

Rachele Borghi and Emilie Viney

Espaces, Nature et Culture (ENEC) – CNRS : UMR8185, Universit ́e Paris IV - Paris Sorbonne – Laboratoire ENeC, UMR CNRS-Paris IV 8185, 190-198 avenue de France , 75244 Paris Cedex 13, France

 

            Nous proposons un atelier de partage des expériences et des pratiques d’enseignement féministe.

            Dans un premier temps nous allons mettre en commun les expériences des participant.e.s à travers un tour de table ; en suite nous allons échanger les matériels et documents que chaque personne utilise dans ses cours donnés à l’école, à l’université ou dans des autres institution, dans le but de créer une réseaux des pratiques reproductibles d’enseignement féministe.

            Nous prendrons contact avec les participant.e.s avant l’atelier pour leur demander de vouloir apporter leur document papier ou en fichier. Chaque participant.e portera son ordi ou un clef usb pour donner et prendre les documents.

 

Panel 4 : Pratiques de recherches et d’enseignement

Quelles pratiques des enseignants en faveur de l’égalité des sexes à l’école élémentaire japonaise ?

Aline Henninger
CEJ (EA 1441) – INALCO PARIS – France

            Au Japon, l’école demeure très largement considérée comme le lieu ou` l’égalité hommes- femmes s’est concrétisée, loin devant la famille, le lieu de travail, et la sphère politique. Les enseignants partent du principe qu’ils agissent et enseignent de façon à respecter la coéducation et l’égalité des sexes. Or, le « curriculum caché » sexiste à l’œuvre dans le système scolaire japonais est dénoncé depuis les années 1970 par les féministes et une partie du monde académique. Ces recherches parlent ainsi de l’ « illusion de l’égalité des sexes » (danjo byôdô no gensô). Cette illusion empêche toujours une majorité d’enseignants de réfléchir sur leurs pratiques pédagogiques à ce sujet : inconscients des mécanismes du sexisme scolaire, ils sont loin de s’imaginer comme des personnes sexistes ? Dans ce contexte, plusieurs instituteurs et institutrices ont remis leurs pratiques éducatives en question et sont à l’origine de la création de groupe de recherche sur l’égalité filles-garçons. Notamment, le Réseau national pour une éducation qui promeut l’égalité des sexes (Danjo byôdô o susumeru ky oiku zenkoku nettowâku) a été créé en 1997 et organise des réunions et activités pour l’ensemble des enseignants japonais impliqués dans les questions d’égalité des sexes.      Cette communication souhaite montrer les difficultés que rencontrent instituteurs-trices pour mettre en place des mesures et ateliers afin de mettre en place une réelle mixité et égalité des sexes à l’école élémentaire. Un travail de terrain de six mois en 2013-2014 dans quatre écoles élémentaires japonaises m’a permis de mener une ethnographie de l’école japonaise pour comprendre comment les mécanismes de sexisme scolaire structurent le déroulement des classes, voire les activités de la récréation. Je m’appuierai ainsi sur l’analyse des directives et matériaux du ministère, mise en perspective avec des données de terrain (suivi des cours, participation à un groupe d’enseignants pour l’éducation sexuelle, rencontre de certains membres du Réseau national pour une éducation qui promeut l’égalité des sexes, entretiens avec les élèves et les enseignants). L’enquête permet ici de mettre en évidence la délicate posture des enseignants japonais après le déroulement entre 2003 et 2008 du lynchage médiatique contre l’éducation non sexiste dite gender free et l’éducation sexuelle. Cette campagne de diabolisation, menée par les plus conservateurs du parti de droite japonais (le PLD), du ministère de l’Education, et relayée par les médias, a limité les initiatives locales et gouvernementales en faveur de l’égalité filles-garçons à l’école menées depuis le milieu des années 1990. On montrera ainsi quelle est la marge de manœuvre de certains enseignants qui sont conscients de l’illusion de l’égalité des sexes en milieu scolaire.

 

Opening space for feminism. Trajectories in Greek academe

Dina Vaiou
National Technical University of Athens (Department of Urban and Regional Planning) – Patission 42, 10682 Athens, Grèce

            The penetration of feminist ideas and practices in academic life (including teaching, research, administration and everyday cultures) has followed diverse trajectories in different countries, university contexts and particular scientific fields - and geography is no exception. How to challenge long-established understandings of doing research, introduce different topics and methods of teaching and relating to students, how to destabilise power relations in knowledge production and open space for diversity and difference has not been a smooth and contadiction-free process. On the contrary, in most cases it has taken sustained efforts and strong commitment, compromises and subversions, advances and drawbacks both in the context of feminism/s and in that of « science as usual ». My paper proposes a critical reading of the introduction, since the 1980s, of feminist approaches in Greek academe - and in urban studies in particular. Having been an active participant in this process, the paper is, inevitably, a reading from a specific location, an embodied and self-reflexive account which tries to disentangle solidarities and trace shared conversations through time and space. Location here is on the one hand a metaphor for spaces of knowledge within and beyond national boundaries. On the other hand it extends also to material space and place, to a geographical location (Greece and Greek academe) with its cultures, traditions and politics, as well as with its multiple determinations resulting from its positioning in relation to other places.

 

On the fingers of one (mutilated) hand. Feminism, gender, generations in Italian geography.

Greco Valentina
University of Bologna [Bologna] – Via Guerrazzi, 20 - 40125 Bologna, Italie

            Searching for « geografia femminista » on google.it first result is in English, the most recent result dates back to 2011.
            It is from this supposed absence that unravels my speech: where is the feminist geography in Italy?

            Paola Di Cori (« Posse », June 2008) spoke of confined and not communicating spaces, where especially the younger is not allowed to express themselves, « spaces inside the academic institution, the cultural and political life, a newspaper, a television program, a publishing house ».

            On the other hand, the generation of feminist researchers to which I want to refer to in my speech, the generation of the thirty/forty, has produced large and lively cultural and political reflections, but did so through alternative channels that have not the same public recognition as the traditional ones.

            Subjects of which I speak come together in associations and collectives; they create new practices and new research methods; they write in magazines, blogs, websites outside the traditional publishing circuit; they produce philosophical, historical, literary, geographical elaboration that marks the signature of new feminisms; they share practices and spread knowledge.

            I suggest to look at this issue from a different perspective: not considering a defeat the difficulty to emerge in more traditional places of public debate and intellectual elaboration, but exalting and enhancing practices and places - physical and virtual - where new elaborations of thought were born and continue to be born, beyond their immediate recognition in the mainstream.

            And if it is true that the molecularization of the experiences makes weaker the voice of this generation it is also true that this apparent weakness is closely linked to the material and existential precariousness with which every day this generation comes to terms. This issue is closely linked to the geographical research, because of the resistance encountered when one wants to deal with gender studies and feminism in academia.

            « Me » research fellow , « Me » feminist militant, « Me » scholar of gender studies, in this process of thinking, rethinking, production, sometimes they met, sometimes they touch, sometimes they ignore each other, sometimes they clashed.

            From this dynamic process feminist practice can change the geography of the academy and the academic geography.

            A research placed from a feminist point of view is the chance that we have to re/construct paths in danger of disappearing or being overshadowed.

  

Panel 5 Féminisme et intersectionnalité

 Trouble dans l’alliance ? Spatialités, coalitions et divergences chez les féminismes contemporains en Italie

Carolina Topini

Université de Genève – Suisse

 

            La question des alliances, de grande actualité, se trouve en effet depuis toujours au cœur des préoccupations et des luttes politiques féministes. La réflexion autour des alliances a été particulièrement brûlante (troublante) pour les groupes qui se retrouvaient au carrefour de différentes luttes et discriminations/revendications : les féministes noires, les femmes issues de la diaspora, les femmes issues de milieux économiquement défavorisés ainsi que les femmes lesbiennes. C’est à partir des contributions politiques et théoriques de ces luttes, que l’on souhaite réfléchir aux conditions de possibilité et de nécessité qui plaident pour la formation aujourd’hui en Italie de nouvelles alliances féministes.
            Cette contribution se penche plus spécifiquement sur les reconfigurations politiques qui ont intéressé le féminisme italien dans la dernière décennie, faisant ainsi émerger des nouvelles politiques de coalition, que je me propose de lire en termes de nouvelles spatialités militantes. En prenant des exemples concrets, on réfléchira au continuum qui s’établi entre l’espace comme objet de revendication, l’espace comme lieu et condition d’existence des alliances, l’espace comme lien politique entre les militant(e)s. La tâche est complexe. Pour ce faire on se concentrera, sans prétendre à l’exhaustivité, sur des mobilisations collectives qui ont investi l’espace publique, sur les stratégies de résistance et coalition mises en place en ces occasions, sur les langages politiques adoptés, ainsi que sur les débats qui se sont déclenchés autour de la question mixité/non mixité.

            Pour étudier les transformations qui ont caractérisé le panorama des féminismes contem- porains, on se propose d’articuler cette contribution autour de deux axes principaux : 1) le lien de plus en plus important entre luttes sociales et savoirs transformatifs académiques (voir la pensée queer et la réflexion sur le genre et les sexualités) 2) la remise en cause du séparatisme du féminisme radical et différentialiste, aussi bien que du lesbianisme. Quels enjeux politiques et théoriques favorisent et limitent aujourd’hui les possibilités de coalition entre les féministes ? Quels point de force portent les nouvelles alliances ? Quels points troublants subsistent ?

            S’interroger sur les coalitions et les divergences chez les féminismes italiens d’aujourd’hui, c’est aussi s’interroger sur les processus de construction des mouvements féministes et de leur sujet politique. À savoir, s’interroger sur la présence (voir l’absence) de réflexion sur les intersections entre race/classe/genre, sur le manque d’une perspective décoloniale partagée, d’une approche intersectionnelle, d’une solidarité et d’une alliance effective avec des corps non blancs.

            Comment peut-on développer et conjuguer une lecture féministe, queer, et postcoloniale de l’actualité italienne ?

 

Trajectoires socio-spaciales de trans' sudaméricaines ayant migré en France

 Jose Ignacio Reyes Serna (Université de Reims Champagne-Ardenne, CEREP, France)

 

résumé non trouvé

 

Panel 6 Espaces de production et savoirs féministes

Espaces de production de savoirs féministes. La sexualité dans la pensée féministe en France, Allemagne et aux Etats-Unis.

Cornelia Möser
Genre, Travail, Mobilit ́es (Cresppa GTM) – CNRS : UMR7217 – France

            De par son lien étroit avec la Nouvelle Gauche de 68 et la centralité des questions de libération sexuelle pour ces mouvements, dans les nouveaux mouvements féministes depuis les années 1960 aussi on trouve dès son émergence la sexualité au centre des thèmes abordés. Car la libération de la nouvelle gauche passait (entre autres) forcément par une révolution sexuelle, cette même révolution sexuelle était en partie responsable de la formation de groupes féministes qui en critiquaient le sexisme et la violence. Or, si une des critiques de base de ces nouveaux mouvements féministes était la critique de la révolution sexuelle, cette même révolution sexuelle a aussi apporté des bénéfices aux femmes, féministes ou non, dans un gain de certaines libertés et l’affaiblissement de certaines morales pesant notamment sur les femmes.

            Cette communication propose d’interroger la circulation des idées dans la production des savoirs sur deux niveaux : d’une part elle examine la circulation des concepts de sexualité liés aux idées d’émancipation et de libération entre la France, l’Allemagne et les Etats-Unis dans les années 1970, d’autre part elle pose la question de l’institutionnalisation de ces savoirs dans la pensée féministe canonisée. Quelles idées et savoir sont conservés des années 1970s, lesquelles sont presque oubliées ?

            Pour la première partie je présenterai trois débats cruciaux qui ont eu un impact important sur la manière dont la sexualité a été pensée dans les mouvements féministes en France, en Allemagne et aux Etats-Unis. Pour l’Allemagne ceci concerne le « Tuntenstreit » au sein d’une des premières organisations homosexuelles à Berlin, la Homosexuelle Aktion Westberlin (HAW). En France, il s’agit d’un débat féministe sur le lesbianisme radical qui a mené entre autres à la dissociation du journal Questions Féministes. Aux Etats-Unis il s’agit d’une discussion forte qui a été nommé les « sex wars » féministes, un débat sur la pornographie, les subcultures sadomasochistes SM et les rôles butch/fem dans les mouvements de femmes. Dans toutes les trois discussions, c’est d’une manière ou d’une autre le rapport entre genre et sexualité qui est discuté en lien avec les visions de libération ou d’émancipation qui y sont attachées.

            Pour la deuxième partie, concernant l’institutionnalisation des savoirs militants féministes, les effets de ces débats sur les manières de penser la sexualité vont être retracéees dans les théories féministes canonisées. De quoi est-ce que les théories féministes parlent lorsqu’elles évoquent la sexualité ? D’une structure sociale, d’une pratique, d’une culture, de la reproduction, de l’amour, des pulsions... ? Il s’agit de montrer que les multiples aspects regroupés sous le terme sexualité mènent chacun à une autre stratégie d’émancipation ou de libération. Le passage d’un espace militant à un espace étatique et institutionnel a favorisé certaines approches en dépits des autres aussi parce que ces espaces différents connaissent des règles et fonctionnement différents liés à leurs fonctions ou place sociales et politiques.

 

Comprendre l’espace avec la phénoménologie féministe

Marie-Anne Casselot
Université Laval – Faculté de Philosophie Pavillon Félix-Antoine-Savard 2325, rue des Bibliothèques, Université Laval Québec QC G1V 0A6, Canada 

            Qu’est-ce que la phénoménologie féministe peut apporter à la géographie féministe ? L’espace physique, étant le lieu de l’être-ensemble, est traversé par plusieurs rapports sociaux inégalitaires, dont celui entre les hommes et les femmes. L’espace est structuré par des normes de genre et inversement les individus se déploient spatialement selon plusieurs aspects de leurs corporalités et de leurs identités propres (genre, race, classe, capacités). En bref, des éléments sociaux et corporels entrent en compte dans notre prise d’espace individuelle et collective. C’est ce qu’explique la phénoménologie féministe, en partant spécifiquement de certaines descriptions phénoménologiques de l’expérience vécue de l’espace.

            Il s’agira, dans cette présentation, d’expliciter comment la phénoménologie explique que l’expérience de l’espace est incarnée et genrée, et ce, au niveau de la constitution spatiale corporelle. La phénoménologie, notamment celle s’inspirant du cadre théorique du philosophe Maurice Merleau-Ponty, donne la primauté au corps comme organe sensible de la perception se déployant dans l’espace et dans le temps. Le corps est en situation dans le monde ; il a un schéma corporel lui permettant d’agir dans l’espace sur une durée temporelle donnée. Chaque individu détient une intentionnalité lui permettant de reprendre les données sensibles du monde physique et d’agir librement et ultimement de choisir les projets qu’il ou elle entreprend.

            Plus précisément, la phénoménologie féministe étudie les conditions subjectives de la con- stituation corporelle « féminine » et elle développe des descriptions de l’expérience vécue des femmes et elle rend visible les effets corporels, psychologiques et affectifs de l’oppression sexiste. Or, un défi auquel fait face la phénoménologie féministe est la conciliation des descriptions phénoménologiques de certaines expériences corporelles minorisées afin d’y générer des connaissances générales sur la réalité vécue de ces groupes opprimés sans pour autant assumer que ces expériences soient universelles. Ainsi, il est possible d’affirmer que l’espace est « genre », mais les descriptions phénoménologiques de l’espace ne s’appliquent pas `a toutes les personnes appartenant à un genre donné.

            La phénoménologie féministe délimite comment l’espace s’incarne : il y a une diversité de schémas corporels, donc de multiples façons d’être dans l’espace, des intentionnalités inhibées par des structures sociales opprimantes, une intersubjectivité fondamentale dans la constitution corporelle et finalement une vulnérabilité propre à tout être corporel. Cette présentation s’appuiera notamment sur les philosophes Iris Marion Young, Gail Weiss, Elizabeth Grosz et Sara Ahmed. La phénoménologie féministe démontre comment l’espace s’incarne et se déploie subjectivement ; cette méthodologie complémente la géographie féministe dans la mesure ou` elle part du corps afin d’expliquer comment l’espace est perçu et comment il se construit.

 

Quand le terrain interroge les impenses de l’universel féminin : lecture d’un projet de développement dans l’ouest du Népal

Lise Landrin

UMR PACTE, université de Grenoble

            Féministe ? Ce n’est que tardivement dans mon parcours universitaire que je me suis reconnue sous l’étiquette. Ni anti, ni pro, la question n’était pas au coeur de mes travaux de recherche, pas dans ceux non plus de mon quotidien. Il me manquait peut-être la profondeur de l’expérience et de l’épistémè, pour le devenir. Ce papier souhaite faire l’état d’une pensée critique inspirée du terrain. Le devenir, sujet au combien structurel dans les études de genre, sera ici relu comme le façonnement de confrontations évolutives entre le terrain et les théories féministes, construisant et déconstruisant alternativement mes approches conceptuelles et méthodologiques de la géographie. Cette communication prendra comme point de départ le manque de questionnements sur la construction d’une catégorie « femme » ou plus exactement des présupposés universels qui la fondent.

            A partir d’un témoignage réflexif, je tenterai de montrer comment une lecture post-terrain des théories féministes m’a rendu sensible aux pensées de la pluralité en même temps qu’à l’impératif de déceler des catégories reproduisant des rapports de force, sans refuser le dialogue transculturel.

            Reconnue sous l’appel de l’intersectionnalité, la dimension de la pluralité des humanités est admise, mais elle provoque une scission au sein des féminismes. De fait, les difficultés d’une appréhension de « l’autre » dans un contexte linguistique et culturel différents sont souvent évacuées par la géographie féministe française. Le résultat est visible notamment par la récurrence d’études nationalo-centrées. Pourtant, la géographie et le champ critique du développement, ne peuvent faire l’économie d’une confrontation à la pluralité, et ne peuvent se passer non plus d’interroger le présupposé universel de « femme » avec lequel ils fonctionnent ici, et là-bas.

Je commencerai par une description de mes deux expériences successives de recherche à l’Ouest et au Centre du Népal. En prenant le terrain comme préalable aux découvertes des théories féministes, je reviendrai sur les implicites universels auxquels je me suis retrouvée confrontée dans l’évaluation d’une tradition ségrégative dans le village de Brahmatola. Cette partie sera l’occasion d’évaluer les possibilités de faire un terrain en tant que « femme » et en tant qu’ « autre ».

            J’expliquerai ensuite comment je peux relire aujourd'hui ces expériences de terrain à l’aune des théories égalitaristes, différentialistes et intersectionnelles que je trouve à la fois dans les théories anglophones et francophones. Ces (re)lectures me permettront d’interroger les acceptions d’une ONG locale ainsi que celles d’un mouvement national qui constitue des groupes de femmes pour participer à leur « empowerment » ; terme là aussi pétri d’un potentiel universalisant.

Enfin, en m’inspirant des travaux de Nancy Fraser et de Rainer Forst entre autre, je m’interrogerai sur l’apport des méthodologies féministes pour penser le lointain sans risquer l’exotisme. Un dépassement de la dichotomie universel/relativisme pour penser une « justice en contexte » sera inspecté pour informer, en retour, le terrain qui m’a mise face à l’impératif éthique d’interroger mes catégories d’analyse et de conduite, pour définir les termes d’une égalité des sexes.

 

 

Vendredi 2 juin 2017

 

Performance 1 : Whos coming to dinner?

Finch Claire

Création littéraire - Université Paris VIII Vincennes-Saint Denis, Université Paris 8, 2 rue de la liberté, Saint Denis 93526, France

 

            Take the 2 or the 3 line to the Eastern Parkway / Brooklyn Museum stop. The Elizabeth A. Sackler Center for Feminist Art is the Brooklyn museum’s fourth floor. Judy Chicago worked on her installation The Dinner Party between 1974 and 1979. The Brooklyn museum’s website describes the piece as an iconic work of feminist art. Today it is in a huge room in the Elizabeth A. Sackler Center. If you are in the room on the forth floor in Brooklyn looking at The Dinner Party you will see a giant triangular table covered in fine white cloths set for a dinner of 39 women, 13 places on each side. The places are reserved for women such as The Primordial Goddess, Sappho, Trotula, Christine de Pisan, Sojourner Truth, Emily Dickenson. There’s an immense stretch of porcelain at the center of the table and you’ll notice it’s made of 2304 tiles, polished and gilded, inscribed with more names.
            The artist Guillermo Gomez-Peña writes that the role of artists and writers in his conceptual space « The Fourth World » is « to elaborate the new group of myths, metaphors and symbols that inscribe us in the midst of all of these fluctuating cartographies ». Recognition of a shared myth acts as psychic geo-location; we are placed (or not) by our imagined complicit understanding of the myth, the figure, the joke. Radical feminism, explored here in Chicago’s American version, both establishes itself through reproducing myths of femininity, and becomes a mythic marker of feminist boundaries. As feminist academics we make our queer and feminist theories against or in conversation with versions of radical feminism. Paul Preciado, for example, writes in the Mainfeste contra-sexuel: « This little book ‘finds’ its place in the political and theoretical space that could have stayed open in France if The Straight Mind had been published in French, if its author didn’t leave for the desert and if French radical lesbianism didn’t hide out and betray itself behind the name of ‘feminism ».

            In this hybrid performance-lecture I propose a reimagining of Chicago’s The Dinner Party, pulled across space and time. Thirteen feminist figures come to the table and speak their ficto-mythography, rezoning and conversing with Chicago’s original place settings. As queer feminists, who do we invite to dinner? Who do we kick out? Who’s lurking under the table? Is it possible to stretch a model of 70s American feminism across French feminist history? Does the fictional space created succeed in challenging the disciplinary boundaries we know or defend? New dinner guests include Monique Wittig, Kathy Acker, Marie Vieux-Chauvet, Qiu Miaojin, Paul Preciado, H ́el`ene Cixous, Sarah Ahmed, Audre Lorde and Chandra Mohanty. They mix with Chicago’s existing figures Amazon, Snake Goddess, Christine de Pisan and Virginia Woolf.

 

 Atelier 3 : L’espace public nocturne

 

Salomé Vincent
Université Paris 4, Paris-Sorbonne (UP4)

1 rue Victor Cousin - 75005 Paris, France

 

            Ancienne étudiante du Master CPP à Paris-Sorbonne, j’ai soutenu un mémoire de recherche intitulé : « La nuit `a Paris, stratégies de détournement des personnes non-hétérosexuelles dans l’espace public ». J’ai cherché à donner une orientation féministe – queerisante- à ma recherche et j’ai choisi des méthodes qualitatives. Ainsi, j’ai effectué une série d’entretiens et de parcours commentés, ainsi qu’un atelier collage collectif, suivi d’un débat. Il s’agit de découper dans des revues et des magazines divers des éléments qui correspondent au thème « l’espace public nocturne idéal », afin de créer des posters en forme de collage. Ensuite, laisser celleux qui veulent présenter leur poster, expliquer son contenu ou partager leurs expériences ; puis laisser la discussion faire écho.

            L’utilité et l’efficacité de cette méthode me semblent résider dans le fait qu’elle permette une objectivation partagée de la pensée et du quotidien qui, au-delà de sa portée ludique voire artistique, pousse à repenser sa réfléxivité au contact de témoignages extérieurs. L’atelier est aussi une méthode reproductible, de type oral et poster à la fois, qui peut constituer un autre moyen de retransmission de la recherche. De plus, il vient, à mon avis, compléter avantageusement une approche réflexive et permet de remettre en perspective à la fois les résultats obtenus, mais aussi le travail de mise en place d’un espace safe et bienveillant sur le terrain. De plus, le partage d’expérience en contexte bienveillant vient, à mon avis, nourrir la réflexion personnelle et collective et empouvoirer les individualités.

            Si l’on peut modifier le thème ensemble, il s’agit tout de même de donner une consigne volontairement très large, ouverte et imprécise, pour éviter de museler les créations et les imaginaires. Pour compenser le fait que les participant.e.s n’ont pas déjà effectué un entretien avec moi ni ne se connaissent entre ielles et afin de libérer la parole, de limiter la timidité sociale potentielle et de recueillir un discours qui soit un véritable échange, j’essaie de contribuer à la création collective d’une atmosphère bienveillante de confiance, et sans jugement, pour permettre l’échange et le partage. Pour cela, il faut, je crois, limiter le nombre de participant.e.s. à15.

            Dans cette perspective, il est nécessaire de prévoir en amont des feuilles blanches, de préférence cartonnées qui sont le format et le support des posters, ainsi que plusieurs revues, magazines ou journaux, dans lesquels, `a l’aide de tubes de colle et de paires de ciseaux, nous pourrions découper les éléments. L’estimation du temps est hasardeuse puisque cela dépend des participant.e.s, mais je crois que le minimum reste 45 min pour la réalisation du collage et 45 min pour la discussion.

 

 

Atelier 5 : Déranger l’ordre sexuel des espaces publics à l’aide du théâtre déclencheur animé par Fées roses

 

Atelier 6 : Parcours d’étudiantes Africaines en France : entre ambition et plafond de verre

Awa Bousso Drame and Myriad Ali
Paris-Sorbonne (UP4)

1 rue Victor Cousin - 75005 Paris, France

            Face à une identité altérée par la colonisation française, la place du genre féminin est source de discordes. A travers l’expérience de deux jeunes femmes, il s’agira d’interroger les préjugés, le regard de l’Autre sur la femme noire notamment ses capacités intellectuelles, son ambition en lien la définition de la norme euro-centrée. Dans cette dynamique, nous nous intéresserons aussi au pouvoir d’expression de ce fruit intersection dans un environnement majoritairement blanc, sa différence d’autorité, de crédibilité, de portée ou l’aire d’influence de son discours. Dès lors ce contexte d’évolution peut-il être perçu comme un plafond de verre ou une opportunité de s’exprimer, d’affirmer son identité de genre et prendre position ?

 

Panel 9 Féminisme et urbanités

Infusion d’approches féministes en urbanisme : micro-stratégies entre opérationnel et recherche

Lucile Biarrotte
LAB’URBA (LAB’URBA) – Institut d’Urbanisme de Paris (IUP), Université Paris-Est

Marne-la-Vallée (UPEMLV), Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne (UPEC) : EA3482 – France

         Les programmes d’urbanisme dédiés à l’émancipation des femmes diffusent leurs « bonnes pratiques » via des réseaux féministes transnationaux, composés notamment d’opérationnel·le·s et de chercheur·e·s. Ces politiques « spécifiques » et leurs résultats étant aujourd’hui les plus visibles et les mieux connus, il s’agit désormais de rentrer dans la boîte noire de l’intégration de l’approche de genre et/ou féministe dans des projets d’urbanisme à l’échelle locale.

            Comment ces principes et méthodologies se diffusent-ils actuellement dans les pratiques quotidiennes des métiers de l’aménagement en région parisienne (références utilisées, vocabulaire employé) ? Comment sont-ils appropriés ou résistés ? Quels facteurs structurels (démographie genrée de pans professionnels), contextuels (paradigmes et cultures dominant·e·s au sein d’une institution) et individuels (formation et identité professionnelle, engagement politique ou féministe, identité de genre) expliquent ces processus ?

            Dans mes terrains en cours, j’essaye de comprendre les stratégies, obstacles et négociations  à l’oeuvre autour des questions de genre et de féminisme. Remonter aux premières apparitions de ces idées met alors en évidence des processus subtils et longs, s’étendant sur des temporalités de plusieurs années. Je propose donc d’explorer l’idée d’ « infusion » des questions de genre au sein d’institutions ou de cultures professionnelles : partant de quelques personnes convaincues par leur intérêt (pour des raisons de militantisme féministe ou de formation préalable), ces idées sont travaillées en interne via un long processus de sensibilisation, puis de formation, avant d’aboutir à des résultats explicites visibles (intégration dans des appels d’offre, publications...).

            Lors du travail de sensibilisation, de nombreuses micro-stratégies sont adoptées par les per- sonnes porteuses de telles approches, que ce soit dans leur vocabulaire (invisibilisation de féminisme, valorisation de genre ou plutôt d’inégalités femmes-hommes, car « il ne faut pas faire peur »), dans leurs objectifs prioritaires (« on ne peut pas tout faire »), dans leurs rapports avec leurs collègues, leurs hiérarchies et les citoyen·ne·s, autant que dans leurs productions (écrites ou spatiales). Les positionnements évoluent selon les circonstances, les stratégies de communication sont négociées selon les événements et les interlocuteurs·trices (« je serai TRES vigilant sur l’usage des mots car je ne veux pas que c ̧a me pète `a la gueule »).

            Une des stratégies développées par les personnes cherchant à faire adopter l’approche de genre est de s’entourer d’associations et chercheur·e·s spécialistes, qui s’appuient sur les réseaux et exemples internationaux déjà cités. Les liens entre opérationnel et recherche sont en effet assez étroits dans ce domaine, cherchant à se légitimer mutuellement. J’apporterai donc une dimension réflexive à ma présentation, les micro-stratégies décrites ci-dessus s’appliquant aussi au déploiement de ma recherche-action : par exemple, dans la présentation de mon sujet auprès des enquêté-e-s, en y ajoutant une exigence de transparence pour éviter tout conflit d’intérêt ou expliciter mon positionnement personnel. Ou encore par des évitements (dans le vocabulaire) ou des difficultés `a poser certaines questions qui pourraient être perçue comme trop personnelles à des professionnel-le-s, sur leur positionnement vis-à-vis du féminisme ou les raisons de leur sensibilité aux questions de genre.

 

Les géographies de peur dans la ville : altérités, insécurité et appropriation des femmes travailleuses du sexe

Mariana Rojas Mora

Laboratoire du Changement Social et Politique – Jules Falquet – France

            En comprenant l’espace comme une construction sociale, nous voyons que les symboles, les désirs, les interactions, les goûts, les motivations, ont un impact important non seulement sur l’expérience de la ville mais également dans sa construction. L’expérience subjective sur la ville a déterminé en grande partie des espaces publics qui sont choisis pour les loisirs, shopping, visites et transport utilisé, les espaces qui génèrent la peur, etc. Dans cette construction subjective impliquant plusieurs variables qui influent sur l’expérience de la ville, tels que les relations inégales entre les sexes, l’origine ethnique, l’âge, la classe sociale, entre autres. Ainsi, l’espace devient problématisé et l’expérience homogène de la ville est mise en question.

            Cette réflexion se concentrera sur l’expérience de la ville par les femmes, en tenant compte que l’espace urbain est une construction qui fait partie d’un système patriarcal où les besoins, les habitudes et les désirs des femmes sont placés dans un plain secondaire ou même pas envisagé. Il approfondira le cas des travailleurs du sexe qui se trouvent autour du Marché Borbon, situé à San Jose Costa Rica. D’où la question de recherche suivante: quelles sont les perceptions et les pratiques qui développent les travailleuses du sexe par rapport aux espaces urbains où elles travaillent dans la ville de San Jose ?
            Plus précisément, il adressa une des questions de recherche émergentes: l’insécurité et la peur dans la ville. L’expérience subjective de la peur est également construit par rapport à ce que les médias ont fait sur le sujet, des histoires et des expériences partagées, et l’expérience d’un fait réel de l’insécurité dans la ville. Ces différents éléments configurent les géographies de la peur, composé par des imaginaires qui placent certains autres et d’identifier les différentes parties de la ville qui sont « marqués » par l’insécurité, définissant ainsi accessible, permis et de bons endroits; et ceux interdits, mauvais et sombre. Ce document est une invitation pour réfléchir sur ces géographies de la peur qui construisent les travailleuses du sexe, quels sont ces espaces?, Quoi les caractérise?, Quelles relations urbaines sont construites ? Voici quelques questions qui guident l’analyse suivante.

 

Samedi 3 juin

 

Séance plénière : Il laboratorio come trasmissione di conoscenza femminista

Silvia Corti

Slavina – Espagne

             L’esperienza laboratoriale è forma orizzontale di trasmissione di conoscenza, che riposiziona il potere della persona docente attraverso una ibridazione a densità variabile tra la modalità frontale e l’autogestione dei contenuti. Nel laboratorio non è proficua la competizione: la dinamica funziona tanto meglio quanto maggiore è la varietà dell’esperienza e l’accordo nel concedere a ogni persona la possibilità di esprimersi. Propria del laboratorio `e anche la valorizzazione del potenziale emotivo delle persone partecipanti.

            Il carattere di modalità di apprendimento femminista della forma laboratorio mi è apparso in maniera lampante lavorando nel terreno della postpornografia, dell’autoproduzione di con- tenuti legati all’identità sessuata, dell’informazione che impotera soggetti subalterni – e la riflessione ha coinvolto anche altri tipi di lavoro epistemico, piú legati a contesti istituzionali o tradizionali.

            L’idea per la conferenza è costruire un momento di riflessione in forma di relazione orale – che potrá essere condivisa e confutata realizzando un laboratorio – per esplorare il laboratorio come strumento di conoscenza necessariamente femminista evidenziandone caratteristiche e necessitá.

 

Atelier 7 : Féminismes et Antispécismes : apports théoriques et convergences pour une géographie engagée

Julie Coumau
Université Paris Sorbonne

191 Rue Saint-Jacques 75005 PARIS, France

            Ayant effectué un mémoire de recherche en géographie intitulé « Géographie antispéciste du véganisme à Paris : spatialités quotidiennes d’une communauté et lieux militants d’un mouvement social » (2016), je propose de mener une intervention répondant à l’axe « théories, épistémologies, terrains et méthodes » en présentant les liens entre épistémologie féministe et épistémologie antispéciste. L’antispécisme vise à étendre la sphère de considération morale aux animaux non humains. Ce mouvement découle de tous les autres mouvements de lutte pour l’égalité : féminisme, antiracisme, mouvement LGBTQ, mouvement anticapitaliste. La théorisation de l’antispécisme est imprégnée de théorie féministe, les mouvements s’influençant l’un l’autre aujourd’hui.

            L’alimentation est une action quotidienne qui reflète des rapports de domination. La viande reste un attribut de masculinité dans les représentations collectives. Carol J. Adams (1990) explique l’imbrication des rapports de domination dans son ouvrage La Politique Sexuelle de la Viande. Le concept de « référent absent » y est développé pour démontrer la réification des femmes et des animaux non humains dans les images de publicité. La transformation d’un être sentient en objet légitime sa consommation et donc son oppression. Les publicités associant sexisme et spécisme sont appelées « carnosexistes » (Adams, 1990). La femme et l’animal sont essentialisés, représentés comme « archétypes » de leurs catégories.

            Cette mise en lumière des rapports de domination passe par une réflexion sur le langage. Les travaux féministes ont démontré le sexisme des langues. Le mouvement antispéciste étudia aussi le langage et en dénonça l’anthropocentrisme. La distinction  « Homme/Animal » nie les similitudes biologiques entre animaux humain-e-s et animaux non humain-e-s. La distanciation du langage vis-`a-vis de l’animal mort légitime également la consommation de viande. La littérature antispéciste opte donc pour un langage antisexiste et antispéciste. Le fond et la forme s’articulent autour d’un militantisme de convergence des luttes.

            La théorisation du rapport au corps est aussi un apport féministe à la pensée antispéciste. D’après Yves Bonnardel (2014), l’humain-e se définit comme ayant un corps dont il dispose tandis que l’animal est perçu comme étant un corps uniquement. Les schémas spécistes et sexistes opèrent tous deux une réduction de l’ « autre » au corps. Cette réflexion sur le corps est essentielle dans la mesure où le véganisme est un empouvoirement par le corps.

            L’ ́ecoféminisme est un mouvement liant le féminisme et l’écologie grâce à une mise en évidence de la corrélation entre les oppressions visant les femmes et celles visant les animaux et plus globalement la planète dans le système patriarcal. Cette théorie des oppressions liées dans un système global invite à adopter une approche intersectionnelle. L’ ́ecoféminisme repose sur une abolition de tous les dualismes tels que : Homme/Femme, Humain-e-s/Animaux, Corps/Esprit, Objectif/Subjectif, Raison/Emotion, et s’oppose ainsi au positivisme et `a l’idée de science ” universelle ”. Si la raison et l’émotion ne s’opposent plus, l’émotion compose une grande partie d’un raisonnement logique à adopter envers autrui. L’éthique écoféminste est donc celle du « care ». Le « care » théorise l’attention, la bienveillance et la compassion comme des moyens cens ́es de lutter contre les oppressions. L’écoféminisme et le champ des Critical Animals Studies offrent de multiples sujets d’études à la géographie. Ces théories permettent au chercheur-e de devenir militant-e puisqu’elles prônent une théorie-action, des recherches par et pour la société. La remise en cause postmoderniste de l’idée de Nature et l’affranchissement des lois essentialistes forment les fondements de nouvelles géographies féministes et antispécistes.

 

Atelier 8 : La pornographie filmique mainstream : entre déconstruction et travail de conscientisation

de Sarah Miccoli et al.

 

Atelier 9 : qu’est ce que serait une géographie anarcha-féministe ?

 de Marion Tillous et Cornelia Möser, résumé non trouvé

 

Panel 7 Féminisme et francophonie 

Les trajectoires contrariées des enseignant.e.s en études féministes et genre dans le supérieur en France (1970-2016)

Marie Perrin

Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris (CRESPPA-CSU (Cultures et sociétés urbaines)) – CNRS : UMR7217, Université Paris VIII - Vincennes Saint-Denis – CNRS Site Pouchet 59-61 rue Pouchet 75849 PARIS Cedex 17, France

 

            Les études féministes, implantées en France durant les années 1980, ont toujours souffert d’un manque de reconnaissance académique (Lagrave, 1990 ; Lagrave, Rennes, 2010), ce qui a eu des conséquences importantes sur les trajectoires professionnelles des premières générations d’enseignantes. Or, depuis les années 2000, les études féministes - renommées études de genre - connaissent un renforcement accru de leur légitimité dans l’enseignement supérieur, lié à plusieurs facteurs : l’introduction en France du concept de genre, concomitant avec la réforme des universités, et un contexte national et européen de promotion de l’égalité femmes-hommes. Cette proposition de communication vise à analyser les trajectoires professionnelles des enseignant.e.s chercheur.e.s sur les femmes, le féminisme et le genre en France, des années 1970 à nos jours, et à montrer en quoi l’illégitimité perçue de leurs enseignements et recherches constitue un frein dans leurs carrières. L’étude des parcours - basée sur une enquête de terrain en cours, fondée sur des entretiens semi-directifs (25) et l’étude de l’histoire institutionnelle des masters genre français - met en exergue les résistances institutionnelles à l’oeuvre. Ainsi, les parcours professionnels des premières enseignantes ont été « contrariés » et entravés par un ensemble de facteurs, parmi lesquels la discipline de rattachement et l’institution d’enseignement jouent un rôle important. Depuis les années 2000 cependant, les études de genre semblent institutionnalisées, ce qui permettrait – dans une certaine mesure - aux enseignant.e.s chercheur.e.s travaillant et enseignant en genre d’être plus légitimes dans les institutions, et d’avoir des carrières professionnelles plus fluides. Pourtant, les résistances demeurent bien qu’elles ne s’expriment plus de façon aussi visibles. Ce champ d’étude et de recherche continue d’être dévalué et toujours soupçonné de ne pas être réellement scientifique. La communication interrogera d’une part les multiples résistances rencontrées par les premières générations d’enseignantes en études féministes et sur les femmes en sciences humaines et sociales, en distinguant les pionnières (nées dans les années 1940) et leurs étudiantes devenues enseignantes chercheures (nées dans les années 1950 et 1960). D’autre part, elle analysera les trajectoires professionnelles des « nouvelles » générations d’enseignant.e.s depuis les années 2000. Nous montrerons que malgré la période de consolidation des études de genre, les résistances continuent d’exister mais se déploient sous de nouvelles formes, plus invisibles et plus passives. Dans un dernier temps, la communication s’attachera `a interroger les stratégies mises en place par les enseignant.e.s chercheur.e.s aujourd’hui pour légitimer leurs enseignements et pour qu’ils freinent le moins possible, avec leurs recherches, leur avancement de carrière. Ces stratégies s’ancrent dans un contexte précis : celui d’une fenêtre d’opportunité au niveau européen avec la question de l’égalité professionnelle, dont une dimension est directement applicable sur le marché du travail.

 

Grammaire féministe: à la recherche de la langue des femmes

Suzanne Zaccour and Michaël Lessard

Université de Toronto – Canada et Cour d’appel du Québec – Canada

             « Il semble que les hommes aient voulu nous ravir jusqu’aux noms qui nous sont propres. Je me propose donc, pour nous en venger, de féminiser tous les mots qui nous conviennent » – Mme de Beaumer, 1762[1].

            Contrairement aux croyances populaires, la question du genre de la langue n’est pas un enjeu récent. Aux 17e et 18e siècles, des philosophes et grammairiens français lancent des attaques virulentes à la langue féminine. Au niveau lexical, éliminer autrice, philosophesse et poétesse leur permet de renforcer la masculinité de ces occupations. Au niveau grammatical, remplacer l’accord de proximité par le masculin générique leur permet d’assoir la suprématie du « sexe fort ». Devenue véhicule d’oppression, la langue française peut ainsi perpétuer la mise `a l’écart des femmes à chaque prise de parole.

            En réponse à cet héritage masculiniste, des féministes résistent au diktat selon lequel « le masculin l’emporte » en faisant proliférer les méthodes de féminisation. Le discours féminisé devient une stratégie de mise en pratique de l’engagement féministe : un parler non sexiste fait de chaque intervention un acte de militantisme, tant au sein des institutions scolaires et des lieux de travail que dans la sphère privée. Les stratégies les plus audacieuses et subversives ne manquent pas de susciter la controverse, surtout en France. Alors que le Québec a adopté la rédaction épicène et la féminisation lexicale, l’Académie française résiste toujours aux « barbarismes » présidente, écrivaine, chercheure, pour ne rien dire d’autrice (d’usage en Suisse) ou chercheuse (d’usage au Québec). Au conflit féministe/antiféministe s’ajoute donc une dimension géographique, de sorte que les dissensions ne sont pas des débats linguistiques désincarnés mais des conflits identitaires.

            Dans cette communication, basée sur la rédaction d’une grammaire féministe (Grammaire féministe : à la recherche de la langue des femmes, à paraître en aouˆt 2017) nous révélerons les origines historiques de la masculinisation de la langue et déconstruirons les nombreux mythes relatifs à la féminisation. Nous ferons un tour d’horizon des diverses stratégies de féminisation et des politiques linguistiques adoptées dans certains pays de la francophonie. Nous inviterons les participant.e.s à expérimenter la féminisation, de la rédaction épicène à la féminisation ostentatoire, afin de les outiller à poursuivre cet engagement et de susciter une réflexion collective sur avantages et désavantages de chaque méthode selon les différent.e.s formes et contextes d’expression.

 

De la nécessité d’un réseau féministe francophone

ANEF

            Les études féministes, en France comme dans le reste du monde, prennent leur source dans le mouvement féministe des années 1970. Grâce à la coordination des premiers groupes d’études féministes à l’Université (GEF, CEFUP, CLEF, GRIEF, Limites frontières...) a été organisé le colloque historique de 1982, « Femmes, Féminisme et Recherche », à l’Université de Toulouse-Le Mirail, avec le soutien des ministères de la Recherche, des droits de la femme et du CNRS. Ce colloque a été à l’origine de l’Action thématique programmée (ATP) « Recherches féministes, recherches sur les femmes » du CNRS et des premières associations de chercheuses. Les associations régionales ont ensuite fusionné en une association nationale, l’Association nationale des études féministes (ANEF). Son objectif est alors d’organiser le milieu de la recherche féministe et d’assurer sa légitimité, ainsi que de défendre les intérêts professionnels et moraux.

            L’ANEF propose de faire le bilan de pr`es de trente années d’action, en tant que groupe de pression, mais aussi d’experte référente. Ainsi l’ANEF a obtenu la création de postes fléchés en 1991. Elle a été chargée d’analyser le Recensement des enseignements et recherches sur le genre fait en 2001-2002 par les ministères de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. En 2014, elle a réalisé le Livre blanc, Le genre dans l’enseignement supérieur et la recherche pour répondre à une demande institutionnelle.

            Notre exposé montrera ensuite que l’étape d’aujourd’hui est de mettre en réseau, à l’échelle de la francophonie, les structures féministes. Une triple nécessité se dégage : renforcer la reconnaissance institutionnelle des enseignements et recherches sur les femmes, le féminisme, le genre, afin de les légitimer et pérenniser en tant que domaine scientifique à part entière ; encourager les liens et collaborations des structures féministes pour donner une visibilité à l’espace francophone ; favoriser les partenariats entre le monde académique, le monde institutionnel et le monde associatif (triangle de velours), œuvrant pour l’égalité des sexes.

 

Panel 8 Théories féministes et décoloniales

Les théories féministes queer et postcoloniales a l'épreuve du concept de temporalité interrompue

Mara Montanaro

 Laboratoire d'études de genre et de sexualité (LEGS), Université Paris 8, 27 rue Paul Bert, 94204 Ivry-sur-Seine Cedex, France

             Cette communication vise a problématiser et redéfinir certaines catégories fondamentales des théories féministes queeret postcoloniales à l'intérieur du cadre plus général délimite par la  théorie politique, les études de genre et la philosophie. On s'interrogera sur une notion de temporalité capable d'opérer une mise en perspective historique de la pensée et des mouvements féministes. Sous cet angle ce qui a surmonter est l'idée d'une temporalité « homogène et vide » qui  « orienterait » le « féminisme et son agenda » vers le progrès et la  modernisation. Pour échapper a  cette impasse on se focalisera sur une notion de temporalité multiple et non linaire (que j'appellerais « interrompue ») en mesure de rendre compte de l'hétérogénéité propre aussi bien aux « des féminismes » du XIXe et XXe siècle qu'aux registres conceptuels sur lesquelles ces mouvements se  sont appuyés. Il sera aussi crucial de relier cette forme de « temporalité interrompue » a une multiplicité d'espaces aussi bien transnationaux que postcoloniaux. Il s'agira de redéfinir la temporalité et l'histoire du féminisme occidental à travers les catégories mentionnées auparavant,  ouvrir un dialogue avec d'autres penseuses provenant d'espaces et horizons diverses pour mettre a  point un nouveau dispositif conceptuel.

 

Féminismes décoloniaux: une regarde épistémologique et politique

Mariana Rojas Mora
Laboratoire du Changement Social et Politique – Jules Falquet – France

            Analyser des épistémologies révèle l’intention de demander qui sont les sujets qui peuvent construire la connaissance, quelles sont les voix reconnues, quelles relations de pouvoir et d’inégalité sont mise en scène, est surtout comment penser les différences des genres. Cet exercice fait partie d’un contexte latino-américain, ou` je veux tout d’abord de mettre en discussion le travail épistémologique critique de la région, en mettant l’accent sur la pensée décoloniale. Ce parcours permettra de développer les différents appropriations féministes – Lugones (2008) et Segato (2011), qui ont fait visible l’absence du genre dans les explications décoloniales sur le pouvoir et la construction de la connaissance. Il est révélé dans cette façon une regarde androcentrique, ce qui permet de réfléchir `a la fois - en exerçant ainsi une posture anticoloniale - sur les propres possibilités de nous penser depuis l’Amérique Latine. Pour conclure, on présente l’engagement politique et académique, qui a déchaîné le développement d’une pensée féministe décoloniale, en révisant les propres pratiques institutionnelles, les subjectivités et les défis qui englobent toujours notre travail.

 

Atelier 4 : Géographies de mon corps

Noémie Aulombard, Chris Blache, Rachele Borghi, Camilla Graff Junior, Pascale Lapalud, Cécile Proust, Valérie Thomas (collectif Géographie des corps, France)

Paris Sorbonne Queer Théory – Universit ́e Paris-Sorbonne - Paris IV, UFR de Géographie – France

 

            Géographies des Corps est un projet artistique né de la nécessité de rouvrir le débat sur la place du/des corps dans l’espace.
            Géographies des Corps est inspiré en partie par la démarche de l’artiste Judy Chicago, cofondatrice de CalArts, qui a questionné la capacité de créer pour des femmes dans un monde artistique normé à travers une vision masculine et dominé par les hommes, et formulé la nécessité de définir un nouvel espace de création se libérant de ces normes afin d’exprimer l’art dans son plein potentiel.

            De la même manière, il s’agit pour nous de retrouver un point de vue, des points de vue, qui se dépouillent des référentiels aujourd’hui communément reconnus dans la relation des corps aux espaces. Des espaces d’abord et avant tout construits par, et `a travers, une modélisation masculine de l’environnement et des usages, dont le Modulor du Corbusier est un très bon exemple. Modèle qui sert de référent absolu, qui code, norme, impose : légitimités, usages et comportements. Un modèle surtout qui nie toute complexité, dans le contenant du corps (sa forme), dans son contenu (nos identités multiples), dans l’espace qui le reçoit (les territoires, l’environnement, les aménagements), dans les règles de fonctionnement (les devoirs et la légitimité à être et à faire), ou` dans le vécu (comment je vis et appréhende mon environnement).

            Cette approche est une continuité de nos travaux qui s’articulent autour d’une approche sensible et donc forcément multidimensionnelle et multi sensorielle de l’espace.

 

Projection d' « Open/Re-Open » de laCie Tancarville et d'« Espace » d'Eleonor Gilbert 

avec l'intervention de la chorégraphe (Magali Benvenuti), la cinéaste (Leïla Bergougnoux)

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